Fatima HADJ-SLIMANE (1981-2025)
Nous venons d’apprendre le décès de Fatima Hadj-Slimane, à l’âge de 43 ans. C’est pour nous qui avons travaillé plus de 20 ans à ses côtés une immense tristesse, que nous voulons partager avec l’ensemble de la communauté francophone de l’entretien motivationnel, à la diffusion duquel elle a consacré beaucoup de son talent et de son énergie. Psychologue-clinicienne dans le Centre d’addictologie où nous avons travaillé nous-mêmes, elle intervenait à la maison d’arrêt des Hauts-de-Seine, jusqu’à ce que ces dernières années la maladie l’en éloigne. Ce fut l’une de nos premières « apprenties » en EM, dès 2004, lors de la première formation organisée par l’AFDEM juste après sa création. Et quelques années plus tard, elle fut formée comme formatrice, à Thann, apportant par la suite un juvénile enthousiasme dans les nombreuses formations – certainement plusieurs dizaines – où elle contribua à inventer ou adapter, et décrire, de nouveaux exercices, qui sont encore pour certains utilisés dans les sessions de formation de l’AFDEM. Sur cet intérêt pour l’approche motivationnelle se greffa une autre part de son travail, notamment sur le repérage des consommations à risque de substances psychoactives par les adolescents par la DEP-ADO, avec comme réponse clinique des interventions brèves motivationnelles. Elle fut signataire à ce titre des articles rendant compte de plusieurs travaux menés dans le cadre de l’Institut pour la promotion de la prévention secondaire en addictologie, dont elle fut une cheville ouvrière. Et il ne faut pas oublier son travail comme traductrice, en association avec Monique Whalen, de l’ouvrage Pratique de l’entretien motivationnel en santé mentale, par Arkowitz, Miller et Rollnick (Dunod-InterEditions). Tout cela en gardant une activité clinique au bénéfice des détenus de Nanterre.
Mais ce parcours professionnel peu banal ne décrit que partiellement ce qui la rendait unique : la gaîté, l’enthousiasme, le dévouement, la discrétion… Une amie fidèle autant qu’une collègue fiable.
Maintenant que, comme l’écrivait Maurice Maeterlinck, « la maladie, la vieille servante de la mort », a fait son œuvre, nous mesurons ce que nous avons perdu avec elle ; mais nous garderons aussi le souvenir des belles choses vécues ensemble, et, nous le croyons, tous les formateurs qui ont travaillé en équipe avec elle, et toutes les personnes formées par elle à l’EM , comme tous les patients qu’elle a suivis, pourront conserver comme nous l’image de la douceur de son sourire, beau reflet de la douceur de sa pensée.
Philippe Michaud et Dorothée Michaud-Lécallier